Ce que l'argentique m'a appris
Dans cet article je liste ce qui, en argentique, a influencé ma pratique en numérique.
Le chimping
Quand j’ai commencé l’argentique, je prenais de moins en moins de plaisir à la prise de vue en numérique. Je me suis rendu compte que cela était en parti lié à la réponse immédiate que l’on a en numérique et en rapport à la pression que l’on peut se mettre parfois pour un résultat. En argentique, on reste davantage dans le moment présent et sans être influencé, souvent négativement, sur nos dernières prises de vue.
L’impact du format (FF, APS-C)
Ceci n’est pas directement lié à l’argentique mais comme en argentique on est souvent avec un format de pellicule plus large que mon APS-C numérique cette expérience m’a appris les effets de format du capteur (ou du film).
J’ai compris qu’une focale 50mm sur un APS-C et sur un FF (full frame) donne exactement la même perspective mais sur un champ plus réduit en APS-C (crop). Résultat, un 50mm f1.7 donne la même profondeur de champ réduite qu’en APS-C mais avec un angle plus grand (équivalent à un 35mm en APS-C). C’est donc comme si j’avais un objectif 35mm f1.7 APS-C, ce qui, à cette ouverture, couterait très cher.
Enfin, mon argentique à un viseur bien plus grand et lumineux et c’est encore aussi plus de confort et de plaisir à la prise de vue.
La priorité à l’ouverture
Le pentax MG que j’utilise est en mode priorité à l’ouverture uniquement et comme on bénéficie pour un budget réduit d’une optique très lumineuse, ça permet d’en profiter au maximum. Depuis, je suis souvent dans ce mode aussi en numérique.
La gestion des hautes lumières
Un des avantages de l’argentique est également sa capacité à garder du détail dans les hautes lumières. Après avoir fait ma série Hello World dans des basses lumières et en isolant les sujets avec du noir, j’avais envie de faire l’inverse en poussant les hautes lumières et en voyant comment le blanc peut également isoler le sujet.
En faisant quelques recherches associées aux hautes lumières j’ai appris que le risque d’une mauvaise exposition est une exagération de la saturation liés aux mauvaises modélisations de la couleur et qu’a l’inverse en argentique on peut avoir un effet très agréable de désaturation des couleurs dans les hautes lumières (repris dans certains logiciels en numérique comme Blender ou Darktable avec des modules “filmics”). J’ai depuis activé un mode SATOBI sur mon numérique Pentax qui adoucis les couleurs et en particulier dans les hautes lumières
Je suis aussi devenu fan des effets de halo de lumière que l’on trouve sur les contres jours en argentique (effet “bloom”). J’ai cru comprendre que cet effet était renforcé sur les pellicules cinéma que j’utilise grâce à la couche de protection réfléchissante (remjet) à l’arrière de la pellicule qui réfléchit une plus grosse partie de la lumière.
Enfin, la vitesse d’obturation sur le pentax MG est de 1/1000 maximum et quand on veut prendre un contre jour en profitant d’une grande ouverture c’est largement insuffisant. J’ai donc ajouté un filtre UV qui ajoute aussi un peu de chaleur sur les photos.
Un changement de regard sur le bruit
Je trouve maintenant que cela donne vie aux photos et ne suis plus aussi reticent à monter les ISO en numérique.
L’importance du hasard et de l’editing
Ce dernier point est assez lié au premier. En s’en remettant davantage au hasard, on se laisse surprendre par certains effets inattendus (fuites de lumière, bruit, douceurs des lumières, halos, etc) et on donne alors plus d’importance à la phase d’editing. Ca enlève un peu de pression à la prise de vue et donc plus de plaisir.
Ci-dessus, la fuite de lumière orange se complète avec les lentilles vertes et équilibre bien la composition.
Conclusion
Même si je suis de plus en plus économe pour l’achat des pellicules et en faisant le développement et le scan moi-même, cela reste un budget et donc je teste encore mon équilibre entre numérique et argentique. L’avantage de mon argentique est que je n’ai pas peur de l’avoir toujours sur moi (il m’a couté 40€ à la braderie de Lille). Finalement, ma plus grande satisfaction c’est de voir que l’argentique a amélioré ma pratique du numérique et qu’il est toujours satisfaisant de tester de nouvelles choses pour redonner de l’élan à sa pratique photo.